Il fait froid. Si froid. Je suis seule. Normal, je suis précoce. Je suis fière que Dame Nature m’est accordée ce privilège. Mais… seule devant cette neige à perte de vue, je m’ennuie. Vraiment. Je lutte pour survivre, soyons franc. Etre précoce c’est bien, mais être en vie c’est mieux. Je suis une petite chose fragile. C’est devant la pâleur de la Lune que je me morfonds. Je m’interroge. N’aurait-il pas mieux valu être au même niveau que les autres ? J’imagine la caresse du soleil sur moi. C’est agréable. Mais la morsure du froid me rappelle à l’ordre. La survie avant tous. Ne l’oublions pas. Alors j’essaye de m’enfoncer le plus possible dans cette Terre Mère qui m’a donné la vie. J’y puise la force de vivre. La force d’attendre que mes camarades viennent me rejoindre. Le temps passe. Enfin elles apparaissent. Le vert vient remplacer le blanc. Elles poussent lentement. Le soleil vient remplacer la Lune. Elles sont enfin là, vivantes. La chaleur vient remplacer la froid. Si je le pouvais, je hurlerais ma joie. Je ne suis plus seule. Je me réjouis de voir tant de nouvelles camarades. Boum ! Boum ! Le sol tremble. Une ombre me recouvre. Une incroyable douleur m’assaille. Je me sens arrachée. Violemment. Je me sens nue. Quelque chose de moite m’agrippe. La vie commence déjà a me quitté. Je n’ai qu’un seul regret. Etre née trop tôt. Etre née précoce.

A la mémoire d’une fleur.